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Le fil de Janysse - Janysse - 01-09-2025

Coucou tout le monde, les copines et les copains qui passent par là et qui me liront peut-être.

Comme promis j'inaugure l'année en reprenant mon fil ici, que j'ai renommé sobrement "Le fil de Janysse" histoire d'arrêter de me concentrer sur le fait que mes histoires d'amour ne durent qu'un an (cf. l'ancien titre).

Tout d'abord, bonne année cher forum, merci encore à Georges de nous avoir ouvert ce nouveau forum, merci à vous qui me lirez. Je vous envoie tout mon amour, ma gratitude et mes voeux de bonheur.

Mon dernier post date du 8 novembre 2024. Le lendemain, j'ai pris part à un stage d'autodéfense féministe qui a changé ma vie. J'ai appris des techniques pour me défendre en cas d'agression physique, des techniques de défense verbale lorsque l'on piétine mes limites, des techniques de défense émotionnelle pour me protéger contre la violence de celles et ceux qui décident de me faire du mal. J'ai aussi appris que j'avais le droit de me défendre, physiquement et verbalement, lorsque j'étais agressée, que je n'étais pas condamnée à subir toute agression venant d'une personne (souvent un homme disons-le franchement), que j'avais la force de me défendre, que j'étais puissante. Ce stage a donné lieu à une véritable réorganisation interne de ma psyché, et je me sens aujourd'hui plus forte et capable de me défendre, de ne plus me laisser faire.

L'ambiance à la coloc s'est encore plus dégradée. J'ai appris peu de temps avant son départ que la coloc avec qui je m'étais embrouillée avait décidé de ne plus me parler parce qu'elle ne voulait pas passer au-dessus de ce désaccord. J'ai donc vécu pendant trois mois avec une personne qui m'ignorait sciemment, qui refusait de me parler, qui s'enfermait dans sa chambre et me disait à peine bonjour et c'était franchement horrible, je sentais chaque jour qui passait que ce qu'elle faisait était gratuitement violent sans pouvoir m'en sortir puisqu'elle ne partait toujours pas.

Mon état mental et physique s'est aggravé. J'ai enchaîné les petits problèmes de santé qui témoignent d'un système immunitaire et digestif à plat. J'étais tout le temps épuisée, je dormais 10h par jour et me réveillais épuisée. J'ai poursuivi ma relation avec mon amant, que j'appellerai ici Raoul. Elle a été source de beaucoup d'angoisse, de tracasseries que j'avais beaucoup de mal à gérer vu mon état. Pendant une semaine, je l'ai vu connecté en ligne sur l'appli de rencontre où on s'est rencontrés, alors même qu'on s'envoyait des messages mignons. J'en ai eu le corps retourné, et j'ai fait une crise d'angoisse à chaque fois que je me connectais. J'ai décidé que je ne pouvais plus vivre comme ça, en me gâchant la vie et les moments de joie personnelle, sportive, amicale et professionnelle que je connaissais par ailleurs, juste parce que je voyais un mec, avec qui je n'étais pas dans une relation sérieuse, connecté sur une application. J'ai tout supprimé. J'ai supprimé le match, comme ça je ne vois plus s'il est en ligne, et j'ai supprimé les applications. 

Après cet épisode, dont je n'ai pas osé lui parler, nous nous sommes revus. Et j'ai décidé de prendre ce qu'il y avait à prendre. J'ai décidé d'accepter que notre relation était comme ça, qu'on ne s'écrivait pas entre deux rendez-vous, seulement pour prévoir une rencontre, qu'on se voyait de temps en temps, une fois par semaine grand max, pour partager de la tendresse et de la douceur dont nous sommes tous deux assoiffés, d'accepter qu'il n'était pas disponible émotionnellement pour plus (son père va bientôt mourir d'une maladie neurodégénérative) et qu'en fait moi non plus. Et ça m'apaise. Et je reste ouverte à d'autres possibles.

Mi-décembre, une copine est décédée du cancer qui la mangeait depuis presque deux ans. Le même que mon amant de mai, sauf que lui ça avait duré un mois. Tous les deux avaient la trentaine. Moi depuis je balise dès que j'ai mal au ventre, j'ai peur de mourir, j'ai peur de voir mourir mes proches.

Ma coloc horrible a fini par partir et je me suis remise à respirer chez moi. J'ai commencé un nouveau régime alimentaire qui m'aide à retrouver la santé et la forme. Je me suis reposée pendant plus de deux semaines de vacances et j'ai repris la rédaction de la thèse avec un nouvel entrain, même si je suis toujours très fatiguée. Avec Raoul, j'ai l'impression de porter toute la charge émotionnelle, c'est toujours moi qui prends l'initiative d'une rencontre, et il est toujours partant et content et nos moments sont chauds et doux, et j'ai décidé que j'allais lui en parler même si ce genre de conversation me terrifie.

Aujourd'hui je me sens plus sereine, je prends soin de ma santé physique et mentale, notre nouvelle coloc qui a l'air très chouette emménage bientôt, je me sens capable de terminer enfin ma thèse, et je me sens soutenue dans mon quotidien par mes amis. Mon ami de l'escalade notamment (oui celui sur lequel je crushais), que je vois plusieurs fois par semaine, avec qui on se raconte tous nos malheurs et nos amours, on se soutient, et dont l'amitié m'aide à me sentir en sécurité affective au quotidien - et je lui ai dit. Mon amie Carole aussi, rencontrée à l'escalade, avec qui on a monté un projet d'escalade dans notre club, que je vois au moins une fois par semaine, avec qui on s'écrit presque tous les jours pour prendre des nouvelles. Il y a plein d'autres personnes aussi dans ma vie, de projets et de choses très jolies, et mon travail qui me passionne, et je me sens plus solide qu'il y a quelques semaines, et pas seulement parce que j'étais au fond du trou il y a encore trois semaines, mais parce que je sens quelque chose au fond de moi de solide. C'est pas énorme, c'est pas béton, mais c'est là et ça tient le coup - je ne suis plus un puits sans fond de douleur. Ce qui me permet de vivre ma relation avec Raoul avec plus de détachement, moins de fantasme (je ne me projette pas dans le futur avec lui), et plus de gratitude.

Voilà pour les nouvelles. J'espère que vous me lirez et j'espère vous lire aussi. J'espère que les anciens et anciennes passeront par-là, j'espère qu'Allys si tu es quelque part tu nous trouveras Heart 

Je vous embrasse
Janysse


RE: Le fil de Janysse - Elieza - 01-10-2025

Heart Heart


RE: Le fil de Janysse - Selmasultane - 01-12-2025

coucou !

En vif avant d'aller chez Leroy Merlin ( ma vie est incroyablement passionnante, je vous l' ai déjà dit ? ) : Janysse, c' est un plaisir de te voir te construire a chaque nouveau post , petit a petit, avec des moments de moins bien certainement, mais sûrement .

je ne suis pas certaine qu' in fine Raoul te fasse plus de bien que de mal, mais tu le vis consciemment , so be it.

Quand j' avais ton âge ( oui Mamie Selma a fait le Vietnam mes petits ), j' étais à cent lieux d' une telle lucidité ( j' empilais les relations foireuses en me gardant bien d' y réfléchir, la suivante occultait la précédente, et HOP )

aucun lien ( quoi que:-)) ) , mais j' ai vu le dernier spectacle de Bérengère Krief hier soir, " Sexe" , très drôle . Je vais regarder " amour" sur prime du coup

Bisous fabuleux


RE: Le fil de Janysse - Janysse - 01-16-2025

Coucou Selma et Elieza,

Quelle joie de vous lire ici !

Je suis de plus en plus détachée de Raoul, je ne me fais pas une idée complètement fantasmée de lui, ce qui fait que cela n'envahit plus mes pensées et mon quotidien. Bien sûr je garde en tête que ce n'est pas normal d'avoir fait autant de crises d'angoisse et que la balance coûts/bénéfices de cette relation est tout juste en faveur de sa poursuite, de vraiment pas beaucoup.

J'essaie de tenir ma barque en vivant pour moi le plus possible, en m'engageant dans des projets qui me passionnent et où je me sens valorisée. Et la perspective de perdre cette relation ne m'apparaît plus du tout comme effrayante.

Je vous embrasse bien fort <3


RE: Le fil de Janysse - Janysse - 02-14-2025

Coucou tout le monde,

J'ai rêvé du forum cette nuit, alors je me suis dit qu'il fallait venir vous mettre un petit mot !

Je vois enfin le bout de la thèse...! J'ai décidé de rendre mon manuscrit dans 4 mois... J'ai peur de ne pas y arriver, car je n'ai pas du tout terminé, et en même temps je suis excitée à l'idée de laisser enfin tout ça derrière moi !! La période actuelle est hyper dure, je dois rédiger un chapitre, et préparer des candidatures pour l'année prochaine, avec l'angoisse permanente de ne pas savoir où je serai l'année prochaine, dans quel pays, avec quel revenu... J'ai commencé à taper dans mes économies et c'est très angoissant. Je savais que la fin de thèse était difficile mais pas à ce point. Je suis épuisée mentalement mais je continue, j'écris, et parfois je n'y arrive pas. Depuis le début de la semaine je suis submergée par l'angoisse, alors j'ai décidé de m'octroyer trois jours de repos, pour faire redescendre la pression, parce que travailler dans cet état ne sert à rien. Angoisse aussi par rapport à mon traitement psy, la molécule que je prends est en rupture de stock nationale, alors toutes les deux semaines je sillonne la ville pour trouver une pharmacie avec du stock - je ne peux PAS finir ma thèse sans ce traitement. C'est comme annoncer à un.e diabétique une rupture d'insuline.

Outre l'angoisse et la pression, que depuis tout ce temps j'ai appris à gérer, je vais bien. J'ai commencé il y a six semaines un régime sans sucre, sans gluten, sans lactose et sans alcool sur les conseils de mon ostéo qui est aussi naturopathe. Ma peau n'a jamais été aussi belle, je ne suis plus épuisée physiquement même si je reste très fatiguée. Je cuisine tout ce que je mange, et ça me rend heureuse, de prendre soin de moi comme ça. Les effets se sont fait sentir au bout de 3 semaines et j'ai décidé de continuer comme ça encore quelques mois pour continuer à me sentir bien. Je vis beaucoup de choses joyeuses, notamment avec le groupe d'escalade entre filles que j'ai monté. J'ai des amitiés solides autour de moi, et je me sens portée par ces amitiés saines et belles que j'ai réussi à créer. Avec ces ami.e.s, mon amie de l'escalade et mon copain de l'escalade que je kiffais un peu/beaucoup, je me sens capable de communiquer mes émotions et mes besoins, car je sais qu'ils accueilleront ça avec bienveillance et qu'ils savent eux aussi communiquer. Il nous arrive de ne pas nous entendre sur quelque chose ou d'être vexé ou pas d'accord, et nous en parlons et tout va mieux. C'est nouveau pour moi, et ça me donne une boussole pour mes futures relations, amoureuses comme amicales.

Je continue à voir Raoul, et cette relation me fait beaucoup de bien. Je n'attends plus rien de lui de l'ordre du couple, je n'attends même plus qu'il m'écrive pour qu'on se voie. C'est toujours moi qui le fais, mais je m'en fiche maintenant. Quand on se voit, c'est tendre, c'est doux, c'est excitant, je sens une sorte de complicité naissante entre nous, quelque chose de joli et de rassurant, mais c'est très clair pour moi que ça n'ira pas plus loin. Je suis très heureuse d'être arrivée à ce point où je me sens détachée de lui. Je l'adore et j'adore nos moments, mais je ne suis plus dans l'attente anxieuse de quelque chose qui ne viendra jamais. J'aime ce qu'on est, ce qu'on a, et ça suffit. Je découvre que relationner avec un garçon dont je ne suis pas amoureuse est ce qui me convient en ce moment. Je ne pense qu'à ma thèse, à l'escalade et à mes amis, je n'ai pas envie de faire la place qu'une relation de couple mériterait. Raoul me donne la tendresse physique, l'affection et la douceur dont j'ai besoin, je sais que c'est réciproque, et je suis reconnaissante pour tout ça.

Voilà pour les nouvelles. J'ai hâte de vous dire que la thèse est finie, que c'est l'été, que la vie est belle. Je vogue sur les vagues de mon angoisse comme je l'ai toujours fait, je maintiens mon cap et je me fais confiance.

Je vous embrasse


RE: Le fil de Janysse - Janysse - 05-04-2025

Bonjour tout le monde,

Depuis plusieurs semaines, un mois et demi je dirais, je vais très mal. Et depuis quelques jours mon état se dégrade rapidement.

J'ai traversé un gros conflit avec mon copain de l'escalade. C'est un de mes meilleurs potes, c'est un pilier pour moi. On se voit plusieurs fois par semaine, on grimpe ensemble à la salle deux fois par semaine, j'ai été là pour lui quand ça n'allait pas, on s'entend super bien, tout est chouette entre nous, on se fait beaucoup rire. Cette relation est nécessaire à mon équilibre.

Tout a basculé quand il a rencontré Nathalie. Deux semaines de suite, il a annulé nos sessions grimpe pour y aller avec elle. Moi je n'ai pas trouvé de partenaire pour le remplacer, alors j'ai dû annuler mes séances. "Tu comprends, je kiffe trop cette meuf, j'ai besoin de savoir si on peut vivre un truc". Oui, oui ok. Ça hurle à l'intérieur, ça hurle que je passe après, qu'on m'abandonne, qu'il va m'abandonner, que plus rien ne sera jamais pareil, que je vais toujours passer après désormais. Comme d'habitude. Petit à petit, je commence à sombrer. Dans le même temps je dois faire des candidatures pour l'année prochaine, il me faut anticiper ce que je vais faire après ma thèse alors que ma thèse n'est pas encore rendue. Je suis épuisée mentalement, je ne me sens pas soutenue par mon ami qui ne pense qu'à vivre son histoire d'amour naissante. Je lui en veux. Je lui en veux et je me sens coupable, je me sens comme une merde de ne pas être capable de me réjouir pour lui. Je lui dis que ça me blesse, que j'ai besoin de son soutien, d'une routine stable, de pouvoir compter sur lui, est-ce qu'on peut pas se garder un jour par semaine tous les deux pour aller grimper ? Il dit qu'il tient à sa liberté, qu'il ne veut pas se sentir enchaîné à moi. Je sombre un peu plus profond. Je me sens fragile et en danger. Mon amie Christelle me propose de passer quelques jours chez elle, pour m'aider à faire face à l'angoisse. Je me sens aimée et soutenue et protégée, et ça va un peu mieux. Elle m'aide à formuler certaines choses, que je partage avec mon ami de l'escalade, appelons-le Grégoire. Grégoire sent ma détresse, je suis son amie, il veut dialoguer, on essaie de se parler, par vocaux interposés parce que je suis incapable d'avoir cette conversation sans fondre en larmes, mais Grégoire ne comprend pas qui je suis, et il ne veut pas voir le mal que ça me fait. Il me dit qu'il veut être avec Nathalie et que bien sûr qu'il aura plus envie de grimper avec elle et de partir en week-end qu'avec moi, mais je suis importante pour lui, notre amitié est importante, elle va continuer. Il dit que je lui fais une crise de jalousie parce que c'est une grimpeuse. Il ne veut pas voir à quel point ça me bouleverse. Il n'est pas capable d'accueillir mes émotions.

Blablabla. Je retiens seulement "bien sûr que je vais avoir envie de plus grimper avec elle qu'avec toi". Je retiens que je vais passer après, encore une fois. Je suis touchée en plein coeur. Je suis une bête blessée à qui on a arraché ses petits. Je continue à sombrer. Je continue à écrire aussi, je n'ai pas le choix. Je comprends que je ne rendrai pas ma thèse avant l'été, que je vais y passer l'été putain. À partir de ce moment où Grégoire m'a dit que j'allais passer après sa meuf, je ne suis plus capable de faire face aux petites contrariétés de l'existence. Chaque micro-évènement devient insupportable. Je dois partir une semaine chez une amie pour écrire ma thèse, mais elle écourte mon séjour car les enfants de son compagnon débarquent plus tôt que prévu. Je suis choyée, nourrie, aimée mais tout ce que je retiens, c'est que je passe après. Je me sens mal et je me sens coupable de me sentir mal. Je suis aigrie, ingrate, je suis une merde. Je sombre encore.

Ma santé mentale se dégrade. J'ai retrouvé un bon rythme d'écriture et un semblant d'équilibre maintenant que Grégoire grimpe une fois par semaine avec moi à la salle, que j'ai accepté qu'il me faut faire le deuil de notre relation comme elle était avant Nathalie, que c'est juste un mec basique, que c'est comme ça. Lors d'un évènement du club, je rencontre Nathalie. Je rencontre Nathalie et je comprends. Nathalie est une fille simple, discrète, qui parle doucement, d'un ton un peu pressé, d'apparence quelconque, jolie. Nathalie incarne une féminité rassurante et inoffensive, tranquille. Nathalie est tout l'inverse de moi, qui aime prendre la parole et prendre de la place, qui suis une militante convaincue, une féministe hystérique pour certains ; et je comprends que je n'ai jamais eu aucune chance avec Grégoire, et les dernières miettes d'affection romantique que j'avais pour lui s'envolent enfin. Et ça m'apaise. Je continue ma relation avec Raoul. C'est étonnamment doux et tendre, je l'aime bien ce bonhomme je crois. Et ça aussi ça m'apaise.

Un temps seulement. Car je continue à sombrer. Ce week-end, celui-là même qui s'achève tout juste, Grégoire et Christelle, mes amis de l'escalade, sont partis en week-end escalade. Enfin, ils devaient partir tous les deux. C'est Christelle qui m'en a parlé il y a quelques mois, qui m'a demandé si ça ne me dérangeait pas, j'ai répondu que non bien sûr, c'est chouette qu'ils fassent des trucs tous les deux, moi je n'ai pas le niveau pour les suivre alors profitez en et puis comme ça je travaille ma thèse. C'était avant Nathalie. Sauf qu'entre temps, j'apprends que Nathalie part avec eux, et puis aussi Sam, un autre gars du club. Et jamais Grégoire ne m'a parlé de ce week-end. Je n'ai pas été invitée. Il ne m'en a même jamais parlé pour me dire "désolée Janysse, j'organise ça avec Truc et Bidule parce que ça va être un peu dur pour toi, j'espère que tu comprends, mais on se fera d'autres trucs ensemble". Rien. Par contre Nathalie de mes couilles, pas de souci on l'embarque elle. Je me sens exclue, je commence à pleurer tous les jours. De nouveau je passe après, je ne me sens pas importante.

Et puis Sam, c'est le mec qui m'a violée cet été. Christelle le sait, mais elle n'a pas pu dire à Grégoire que Sam m'avait violée et que ça la dérangeait qu'il vienne, parce que c'est ma parole à moi, c'est à moi de le dire et je n'y arrive pas. Parce que Grégoire est un mec, que Sam est son ami, et que j'ai peur qu'il ne me croie pas. J'ai peur que cela détruise définitivement notre relation. Et au stade où j'en suis, j'ai besoin de continuer à le voir une fois par semaine pour grimper parce que c'est le seul truc qui me sauve encore, même si ce sont des miettes. Même si je sais qu'on ne peut plus être amis comme avant parce que je ne lui pardonnerai pas de m'avoir exclue comme ça. Actuellement donc, mes deux meilleurs potes sont en week-end prolongé avec mon violeur et ma remplaçante. Je suis celle qu'on quitte. Celle qu'on ne choisit pas. Celle qu'on baise et qu'on quitte. Celle qu'on viole au bord de l'eau et qu'on n'emmène pas en week-end.

J'ai demandé une consultation en urgence à ma psychiatre. Je pleure tous les jours et j'ai envie de me foutre en l'air. Il n'y a que ma thèse qui me retient, depuis toutes ces années, de me flinguer pour de bon, mais là j'en peux plus de la thèse, j'en peux plus de relationner avec des gens qui me maltraitent, ou me font sentir comme si je n'étais pas importante, comme si je n'étais rien, comme si je ne valais pas le coup, et comme visiblement je n'arrive pas à rencontrer des gens qui me font sentir que je vaux le coup, je crois que je n'ai plus envie de vivre du tout.

J'ai besoin d'aide...


RE: Le fil de Janysse - Tenbu Hôrin - 05-04-2025

Citation :Tout a basculé quand il a rencontré Nathalie. Deux semaines de suite, il a annulé nos sessions grimpe pour y aller avec elle. Moi je n'ai pas trouvé de partenaire pour le remplacer, alors j'ai dû annuler mes séances. "Tu comprends, je kiffe trop cette meuf, j'ai besoin de savoir si on peut vivre un truc".

Je sais plus quel collègue m'avait dit que l'escalade, c'était top pour rencontrer des femmes bien faites...

Ce que je lui aurais dit à lui, c'est de te garder en pote d'escalade tout en se rapprochant de Nathalie, et en échangeant avec toi à ce sujet. Que non seulement, ça ne l'aurait pas éloigné de Nathalie, mais que ça l'aurait même rapproché d'elle, pour des raisons que tu ne veux sûrement pas entendre.

Ce que je te dis à toi, c'est que pour continuer ta vie dans de bonnes conditions tu dois :
  1. Ne pas en demander trop aux autres. Si tu veux faire marcher ton poisson rouge, et qu'il n'y arrive pas, ne blâme pas ton poisson rouge.
  2. Voir le positif dans ce qui t'arrive. Je vais te décrire ce qui t'arrive. Tu es une femme très brillante, très intelligente, pleine d'énergie qui va devenir Docteur, qui a un large choix d'opportunités, un amoureux gentil, et qui a une santé qui lui permet de faire de l'escalade.

Eh, mais... ça roule en fait ! Je ne vais pas te mettre de photos d'enfant gazaoui pour t'aider à relativiser, mais je pense que tu as compris le principe.
Je ne sais pas ce que tu dois faire, c'est à toi de le décider. C'est en tout cas ce que le destin semble te hurler et que bizarrement tu n'entends pas.
Au cas où cela ne serait pas clair, le destin te hurle : "il est temps jeune femme, de penser plus grand".


Citation :Ma santé mentale se dégrade

On est bien d'accord, ce n'est pas parce que Grégoire n'a plus voulu être ton pote d'escalade que ta santé mentale se dégrade.

C'est parce que ta santé mentale se dégrade que tu as envie de te flinguer pour une histoire dont tu devrais te foutre complètement.

Si tu te mets à vivre dans un château de cartes, et que ta maison s'écroule au premier coup de vent, la question ne sera pas "pourquoi il y a eu un coup de vent", mais "pourquoi tu vis dans un château de cartes, pauvre tarée". Parce qu'il y aura toujours des coups de vent.

Voilà, le problème étant remis à l'endroit, ton problème de santé mentale, il va falloir le tacler. Je ne traite pas les cas pathologiques, je n'ai pas de voie particulière à te conseiller, mais reste ouverte d'esprit, il n'y a pas que la psychiatrie.


RE: Le fil de Janysse - Elieza - 05-04-2025

Je t'ai envoyé un message privé sur discord poussinette.


RE: Le fil de Janysse - miu - 05-04-2025

(05-04-2025, 02:59 PM)Janysse a écrit : Bonjour tout le monde,

Depuis plusieurs semaines, un mois et demi je dirais, je vais très mal. Et depuis quelques jours mon état se dégrade rapidement.

Mon amie Christelle me propose de passer quelques jours chez elle, pour m'aider à faire face à l'angoisse. Je me sens aimée et soutenue et protégée, et ça va un peu mieux.

Elle m'aide à formuler certaines choses, que je partage avec mon ami de l'escalade, appelons-le Grégoire. Grégoire sent ma détresse, je suis son amie, il veut dialoguer, on essaie de se parler, par vocaux interposés parce que je suis incapable d'avoir cette conversation sans fondre en larmes, mais Grégoire ne comprend pas qui je suis, et il ne veut pas voir le mal que ça me fait. Il me dit qu'il veut être avec Nathalie et que bien sûr qu'il aura plus envie de grimper avec elle et de partir en week-end qu'avec moi, mais je suis importante pour lui, notre amitié est importante, elle va continuer. Il dit que je lui fais une crise de jalousie parce que c'est une grimpeuse. Il ne veut pas voir à quel point ça me bouleverse. Il n'est pas capable d'accueillir mes émotions.

Blablabla. Je retiens seulement "bien sûr que je vais avoir envie de plus grimper avec elle qu'avec toi". Je retiens que je vais passer après, encore une fois. Je suis touchée en plein coeur. Je suis une bête blessée à qui on a arraché ses petits. Je continue à sombrer. Je continue à écrire aussi, je n'ai pas le choix. Je comprends que je ne rendrai pas ma thèse avant l'été, que je vais y passer l'été putain. À partir de ce moment où Grégoire m'a dit que j'allais passer après sa meuf, je ne suis plus capable de faire face aux petites contrariétés de l'existence. Chaque micro-évènement devient insupportable. Je dois partir une semaine chez une amie pour écrire ma thèse, mais elle écourte mon séjour car les enfants de son compagnon débarquent plus tôt que prévu. Je suis choyée, nourrie, aimée mais tout ce que je retiens, c'est que je passe après. Je me sens mal et je me sens coupable de me sentir mal. Je suis aigrie, ingrate, je suis une merde. Je sombre encore.

Ma santé mentale se dégrade. J'ai retrouvé un bon rythme d'écriture et un semblant d'équilibre maintenant que Grégoire grimpe une fois par semaine avec moi à la salle, que j'ai accepté qu'il me faut faire le deuil de notre relation comme elle était avant Nathalie, que c'est juste un mec basique, que c'est comme ça. Lors d'un évènement du club, je rencontre Nathalie. Je rencontre Nathalie et je comprends. Nathalie est une fille simple, discrète, qui parle doucement, d'un ton un peu pressé, d'apparence quelconque, jolie. Nathalie incarne une féminité rassurante et inoffensive, tranquille. Nathalie est tout l'inverse de moi, qui aime prendre la parole et prendre de la place, qui suis une militante convaincue, une féministe hystérique pour certains ; et je comprends que je n'ai jamais eu aucune chance avec Grégoire, et les dernières miettes d'affection romantique que j'avais pour lui s'envolent enfin. Et ça m'apaise. Je continue ma relation avec Raoul. C'est étonnamment doux et tendre, je l'aime bien ce bonhomme je crois. Et ça aussi ça m'apaise.

Un temps seulement. Car je continue à sombrer. Ce week-end, celui-là même qui s'achève tout juste, Grégoire et Christelle, mes amis de l'escalade, sont partis en week-end escalade. Enfin, ils devaient partir tous les deux. C'est Christelle qui m'en a parlé il y a quelques mois, qui m'a demandé si ça ne me dérangeait pas, j'ai répondu que non bien sûr, c'est chouette qu'ils fassent des trucs tous les deux, moi je n'ai pas le niveau pour les suivre alors profitez en et puis comme ça je travaille ma thèse. C'était avant Nathalie. Sauf qu'entre temps, j'apprends que Nathalie part avec eux, et puis aussi Sam, un autre gars du club. Et jamais Grégoire ne m'a parlé de ce week-end. Je n'ai pas été invitée. Il ne m'en a même jamais parlé pour me dire "désolée Janysse, j'organise ça avec Truc et Bidule parce que ça va être un peu dur pour toi, j'espère que tu comprends, mais on se fera d'autres trucs ensemble". Rien. Par contre Nathalie de mes couilles, pas de souci on l'embarque elle. Je me sens exclue, je commence à pleurer tous les jours. De nouveau je passe après, je ne me sens pas importante.

Et puis Sam, c'est le mec qui m'a violée cet été. Christelle le sait, mais elle n'a pas pu dire à Grégoire que Sam m'avait violée et que ça la dérangeait qu'il vienne, parce que c'est ma parole à moi, c'est à moi de le dire et je n'y arrive pas. Parce que Grégoire est un mec, que Sam est son ami, et que j'ai peur qu'il ne me croie pas. J'ai peur que cela détruise définitivement notre relation. Et au stade où j'en suis, j'ai besoin de continuer à le voir une fois par semaine pour grimper parce que c'est le seul truc qui me sauve encore, même si ce sont des miettes. Même si je sais qu'on ne peut plus être amis comme avant parce que je ne lui pardonnerai pas de m'avoir exclue comme ça. Actuellement donc, mes deux meilleurs potes sont en week-end prolongé avec mon violeur et ma remplaçante. Je suis celle qu'on quitte. Celle qu'on ne choisit pas. Celle qu'on baise et qu'on quitte. Celle qu'on viole au bord de l'eau et qu'on n'emmène pas en week-end.

J'ai demandé une consultation en urgence à ma psychiatre. Je pleure tous les jours et j'ai envie de me foutre en l'air. Il n'y a que ma thèse qui me retient, depuis toutes ces années, de me flinguer pour de bon, mais là j'en peux plus de la thèse, j'en peux plus de relationner avec des gens qui me maltraitent, ou me font sentir comme si je n'étais pas importante, comme si je n'étais rien, comme si je ne valais pas le coup, et comme visiblement je n'arrive pas à rencontrer des gens qui me font sentir que je vaux le coup, je crois que je n'ai plus envie de vivre du tout.

J'ai besoin d'aide...




Bonsoir Janysse, 


Je suis désolée pour toi de devoir encore faire face aux moments difficiles et aux incongrues de la vie car la vie ne se déroule pas toujours comme ce que tu souhaites. 


On est bien d'accord que l'état physique et l'état d'âme de chaque personne ne sont pas égaux. Il y a des gens qui sont plus forts physiquement ou mentalement ou les deux cas que d'autres personnes. Mais c'est pour ça qu'on peut s'y travailler, s'entrainer physiquement, mentalement pour se renforcer et pour rendre la vie plus facile, plus épanouie. 


Je te vois pas malheureuse, tu sais. T'as les capacité intellectuelles super, tu prépares ta thèse pour un métier qui se voit respecté dans la société. T'as une santé qui te permet de faire du sport assez physique. T'es entourée, malgré tout des amis amies, qui te chatoient souvent ou de temps en temps. Et d'autres choses...

Dans l'ensemble global, je te vois une fille que la vie réserve bcp de bonnes belles choses et bien évidemment que tu luttes bcp pour obtenir de bonnes belles choses dans la vie, dans tes études aussi. Bien évidemment.


Tu sais, on n'est pas toujours la priorité dans la relation avec d'autres personnes. Tu es la priorité dans la relation avec Toi - même, mais pour les autres, eux - même sont leur priorité d'abord, et que c'est totalement normal.


Je ne vois pas de mal que Grégoire passe sa copine avant toi, car peut être il veut construire sa vie avec elle. Nathalie est sa priorité, tout comme sa vie en couple est sa priorité en ce moment, avant sa vie amicale. En plus, il te dit que votre amitié continue toujours, mais juste il passera plus de temps avec sa copine, c'est totalement correct. 


N'attends pas que les autres te font de toi leur priorité dans leur vie, à part si tu fais partie de leur vie suprême, comme leur compagne/famille/soeur...


Dans ta description de Nathalie, je me sens aussi un point de jalousie de ta part. Quand tu dis qu'elle est simple, quelconque, et que tu es militante convaincu, féministe...Peut - être que j'ai mal compris ou j'exagère, mais je trouve que tu as la tendance de la rabaisser comme une fille normale, conforme à la société tandis que toi tu es une fille extraordinaire, révolutionnaire.


Tu sais qu'on connait pas les inconnus, même à ce moment, quand je suis en train d'écrire pour toi, je te connais pas beaucoup non plus. Mais de tout ce que tu écris, j'ai toujours l'impression que tu es hyper centrée sur toi, que tu veux que tout le monde te vénère, te chouchoute, te choie, et que tu dois absolument être la PREMIERE PREOCCUPATION des autres. 

Je suis désolée mais tu peux être ta première préoccupation de toi-même, de ta famille, de tes parents. Mais les amitiés des fois, vont et viennent, tu sais. 


Mon meilleur ami pendant 10 ans a toujours été là pour moi, du matin au soir, pour écouter toutes mes plaintes, mes pleurnicher. Puis un beau jour, il ne me donne plus du tout de ses nouvelles depuis qu'il s'est marié avec une femme que je connaissais pas. J'ai été triste et je n'ai pas compris pourquoi il a coupé le pont avec moi, tandis que nous étiez les meilleurs amis et je n'ai jamais d'ambiguïté avec lui. Mais j'ai accepté son choix, et de temps à autre, je vois qu'il poste les photos de sa famille femme enfant heureuse sur fb. Je suis contente pour lui, malgré le fait qu'on a perdu l'amitié à sa volonté. 


Accepter qu'on doit perdre à un moment donné certaines personnes car les gens changent, font leur choix, leur priorités qui vont pas dans notre sens. 


Mais vivre est un fait superbe. Et encore plus quand on a une bonne condition physique et intellectuelle pour expérimenter tous les alias de la vie. 



Accepter qu'on soit une personne égoiste, jalouse, hyper centrique, puis essaie de se concilier avec soi-même et avec les autres, peut être ça t'aiderait. 


En tout cas, bon courage à toi et pour ta thèse. 



RE: Le fil de Janysse - Janysse - 05-05-2025

Bonjour tout le monde,

Merci pour vos retours, vos costumes de Superman et vos remises d'église au milieu du village.

Tenbu tu as tout à fait raison, il n'y a pas que la psychiatrie. J'ai décidé d'aller chercher de l'aide à la Maison des Femmes locale pour parler du viol et essayer de trouver une voie vers la guérison. Je ne sais pas si c'est une histoire de ne pas trop en demander aux autres, plutôt que je demande aux mauvaises personnes. Mais clairement je vais revoir mes attentes à la baisse avec certaines personnes.

Je n'ai pas d'amoureux gentil. Je vis une relation avec un gentil garçon qui ne m'a jamais invitée chez lui, qui ne m'envoie pas de messages pour savoir comment je vais entre deux rencontres, qui sont généralement espacées de deux ou trois semaines. J'ai dans ma vie les miettes d'affection qu'il me donne parce que j'ai besoin de ces bribes de tendresse en ce moment. Mais je ne compte pas vraiment et je ne suis pas sa priorité, je le sais.

Miu, tant mieux pour toi si tu fais partie des gens pour qui vivre est magnifique. Il y a des personnes pour qui c'est un calvaire ; alors oui les Gazaouis, oui les Ukrainiens, oui je sais tout ça et j'ai mal rien que de l'écrire. Il y a des gens qui ne sont pas en bonne santé mentale et qui n'ont pas tant de relations piliers que ça, j'en fais partie. Ma famille est source de douleur, je ne suis pas assez proche d'eux pour pouvoir me sentir en sécurité affective avec eux, je n'ai pas de "partenaire de vie" donc mes amitiés sont très importantes. Et le jour où une de mes relations pilier bascule brusquement, ça me déstabilise - je ne trouve pas ça aberrant comme réaction.

Si tu trouves normal que ton ami de 10 ans ait soudainement arrêté de relationner avec toi parce qu'il avait rencontré quelqu'un, grand bien te fasse, moi je trouve ça dégueulasse et je suis profondément peinée pour toi de lire ça. Pourquoi les amitiés devraient-elles être secondaires par rapport aux relations de couple ? Pourquoi ce serait normal de laisser tomber ses amis/amies pour un amoureux ou une amoureuse ? Et pourquoi vouloir parler de cet état de fait complètement absurde avec le premier concerné ferait de moi quelqu'un d'égoïste ?

Tu as effectivement mal compris. Je ne nierai pas que je suis un peu jalouse de Nathalie, mais je disais justement qu'elle était beaucoup plus attirante que moi et que je comprenais pourquoi mon ami était fou d'elle et pourquoi je n'avais jamais eu aucune chance avec lui.

Oui, j'aimerais être la première préoccupation de quelqu'un. Or ce n'est pas le cas. Dans les faits, je passe souvent après les priorités des uns et des autres, c'est comme ça, sauf que sur le long terme, passer des moments avec mes amis/amies dans les interstices de leurs emplois du temps tournés vers leur moitié, ça abîme. Encore une fois, tant mieux pour toi si toi tu le vis bien, moi pas. Je comprends que tu ne comprennes pas, mais de là à me définir comme égoïste, jalouse et hyper centrique, au-delà du manque brutal de délicatesse de tes mots, je trouve ça un poil abusé.